Le cri d’alarme des malteurs allemands

« Si rien n’est entrepris rapidement, l’industrie brassicole allemande, mais également européenne, va vite appprendre ce que coûte la mise à l’arrêt d’une brasserie, parce que dans quelques mois, elle ne trouvera plus de malt disponible. Et sans malt, pas de bière ! »

C’est sur ces mots que Michael Lerch conclut sa lettre publiée ce matin à Francfort. Le dirigeant de l’association des malteurs allemands lance un véritable cri d’alarme aux brasseurs, qu’il exhorte à bouger immédiatement sous peine de catastrophe. Selon lui, la malterie européenne est à l’aube d’un désatre. En Allemagne, la production d’orges de brasserie est en net recul à cause d’une diminution importante des surfaces cette année, la plus importante jamais enregistrée depuis des décennies. Les premières estimations indiquent une récolte de 1 à 1,2 million de tonnes d’orges de printemps (1,6 T en 2005). Selon un prévisionnel de 1,8 T établi en début d’année par les malteurs, incluant 150 000 T d’orges d’hiver, il manquerait 1 million de tonnes d’orge. Ce qui signifie le recours quasi obligatoire à des orges d’hivers de qualités inférieures (moins de 90 % de grains entiers et une teneur en protéïnes jusqu’à 12,5%), habituellement refusées par les brasseurs, pour assurer les commandes en cours. Cette situation inédite contraint les malteurs à réagir dans l’urgence. Michael Lerch propose 3 solutions: l’importation, le recours aux orges de compromis et d’hiver ou une limitation de la production de malt. Le recours aux importations est possible, mais reste difficile et se ferait uniquement au prix fort. Le Danemark annonce une récolte de 400 000 T au lieu de 600 000. La Tchéquie qui exportait jusqu’ici 200 000 T par an, va en importer 150 000. Seuls la Grande-Bretagne et la France pourraient couvrir les besoins estimés, mais au mieux la moitié, les récoltes n’étant pas non plus faramineuses dans ces 2 pays. Au total, l’union européenne attend un déficit de production d’orges de brasserie de 500 000 T. Le recours aux orges d’hiver est possible, mais pour cela malteurs et brasseurs doivent se réunir d’urgence pour rechercher ensemble des solutions pragmatiques. La troisième solution serait la réduction des activités de maltage ou la fermeture de certains lieux de production. Mais le peu de malteries qui restent, après les fermetures et autre faillite des derniers mois, suffit à peine à couvrir les besoins actuels. Les prix négociés l’an passé contraignent aujourd’hui les malteurs allemands à supporter seuls un déficit de 40 à 50 millions EUR, faute d’une récolte suffisante cette année pour compenser. Réduire un peu plus leurs activités entraînerait pour nombre d’entre eux de très sérieuses difficultés.

Pour conclure, Michael Lerch propose au brasseurs d’accepter de payer un peu plus cher les dernières commandes, comme ils l’ont fait récemment avec un malteur menacé de faillite. Faisant appel à leur solidarité, il leur rappelle les revendications suivantes:

  • Il serait dans l’intérêt de l’industrie brassicole de soutenir les malteurs qui traversent la pire crise enregistrée depuis des décennies. – Pour assurer la continuité de la production en cas de pénurie, il faudrait accepter d’utiliser des orges de qualité moindre.
  • Il faudrait adresser ensemble un signal fort aux agriculteurs pour fixer le prix des orges de la campagne 2007. – Les brasseurs devraient partager les risques de production supportés par les malteurs.
  • Les indemnités compensatoires devraient couvrir la totalité des coûts.

Laisser un commentaire